Vivre dans la lente respiration de la mer
L'île aux portes closes
Avec l'abîme sous les paupières
Construire l'oubli du monde
Quitter le lit frais
Planté dans le jardin
L'ombre des merles
Et des vieux meubles sombres
L'attente des fruits
La mort dans l'âme
Quand tout ce qu'il reste de la fête
S'est déjà envolé
Le chat qui miaule grave
Dans ton absence
L'odeur du violon
Rongé par la pluie
La musique enterrée vivante
Quelque part dans le jardin
Pour donner un visage pacifié à la roche
S'insinuer dans la chair d'une langue fragile
S'approprier les solitudes de la terre
Entrer sans frapper chez Dieu
La nuque brûlante
Aller enterrer les vieilles idylles
Dans les pinèdes bleues
Se frotter à la réalité des orties
Au soleil à pic
Au corps trop vaste de la vie
Sauter dans le vide
Sortir la tête du sang
Baptisé par une nouvelle étoile
Et en rebroussant chemin
Pleurer tous les soleils du monde
Un mage déboussolé est entré
Dans ton absence
De ses deux voix millénaires
Il a forcé toutes les portes
Quand il sera parti
Le mage défiguré
Que le violon se sera tu
aux quatre coins du cœur
Poser le livre
Oublier l'histoire
T'aimer avant le saccage de la grande nuit
Dans l'île aux portes closes.