mercredi 15 octobre 2008

J'ai le regret féroce
De l'errance des vents
Je vis sur un bateau
Enlisé dans la terre

Mes yeux ont durci
Comme la pierre
En absence d'horizon

Mes yeux d'Occident
Sont morts
Dans le flot noir des corps
C'était une traversée
A la dérive des continents

Il y a si longtemps
Que je repousse le désert
Sans ignorer
Qu'il me traverse
De part en part

Je vis sans soif et sans faim
Sans ivresse quelconque

Je ne m'adresse jamais la parole
Je garde le troupeau blanc du silence
Dans l'évanouissement du temps et du lieu

Je fais la ronde des étoiles
Jusqu'à ce que vos visages pâlissent

Je veille un feu
Qui éloigne le néant
Et c'est une voix étrange
Qui prend place là
Pour le cantique noir

J'aime ces noces de l'Esprit
Où l'on trinque avec soi
A l'heure délicate
Des notes de minuit

L'océan s'agite dans mes veines
Si loin les hommes, si loin les villes
Les mirages honteux

Parfois
A l'aurore je crois sentir
Le sel de la parole
Sur mes lèvres cramées
La fraîcheur des voyelles
Venues des contrées blanches

J'imagine
Qu'elle peut encore revenir
Même d'aussi loin

L'étrangère
Exsangue la dernière hirondelle

Qu'il vienne le gardien de la mer
Au regard qui chavire
Dans les contrées du bleu
Qu'il m'offre ses yeux purs
Avant de repartir

J'ai le regret cannibale
Des trocs de l'amour.