vendredi 2 mai 2008

Nuits

Armées à la dérive
Enfantent les aurores

Sorcières caduques
J’aurai votre peau jaune
Le flot noir de l’encre
Séché sous vos plumes

Je tromperai les apparences

Elle dort sous les eaux
La Bienveillante, la Douce
Et sous ses paupières mouvantes
Languissent les grands saules
Et les pleurs de juin

Mes doges
J’embrasserai vos chevalières d’or
Comme je rêvais de le faire enfant déjà
Ivre de vos miroitements d’apparat
Je foulerai vos masques adriatiques

Mère
J’irai sous ta robe noire
Découvrir nos désastres intimes

Nuits qui me colonisent
Et m’abrutissent à la chaîne
Je changerai de peau
Je chercherai les filiations éternelles

Et se lèvent les astres morts
Au milieu des vivants
J’attends la nuit de chair et de sang
Avec ses parfums infidèles
Et ses sueurs boréales

J’ai grandi parmi les aulnes
Sous un astre spécieux
Mais silence ! ne pas réveiller celle
Qui dort sous les eaux sombres


Nuit
Des diamants plein les poings
Pour corrompre le jour

Mais cracher noir
Le poumon des forêts
Les charbons ardents
Du pays de l’enfance

Degré zéro

La maison n’existe plus
On y entre comme dans un moulin
On moud le Temps à l’étage
Dans quel sens déjà ?

Elle marche encore
Et tous lui emboîtent le pas
Tous lieux de transhumance

Nuit
Assassine aux mains douces
On reste au chevet de la mourante
On attend des aveux
Vers 5 h du matin
Quand la ville est à l’agonie
Quand tout finit par se rendre
L’instant où fleurit la neige
A l’épaule des statues
La moiteur des roses au visage
On ose croire au miracle
L’amour nous effleure

On le paraphrase
On le retient un peu
Il passe par tous les mots
Et n’en retient aucun

Puis le grand corps retombe
Dans un bruit sec affreux
Ils ont laissé l'amour sur la table
Ouvert de part en part
On est malade de voir ses chères entrailles
S'entretuer encore dans les discours de l'aube.